Mars 2017

Stéphanie et moi mettons à l’eau Palinure ( First 18 QR – Division Origine – 64ème dans la série du type ) pour une première saison sur ce type de support fraichement acquis.

Beaucoup d’inconnues à gérer dans notre équation qui a pour principe :  budget maitrisé & communication = plaisir maximum

En somme, un bilan de saison 2017 inespéré quand aux résultats atteints à bord d’un bateau de 40 ans.

40 ans et déjà bien optimisé par un ancien ingénieur de chez DASSAULT aviation ( balcons arrières en tube de Rafale, emmagasineur ras de pont sans recul de l’étai, rentreurs de génois, déport sortie de mat pour drisse de spi, cadènes séparées pour bas haubans … ) A première vue : rien à optimiser.

Après un premier Championnat de France au cours duquel nous n’avons pas eu à rougir de nos résultats ( certains Flyer 550 ont eu peur ! ), plusieurs optimisations à budget maitrisé semblaient s’imposer :

  • Virer vraiment tout ce qui sert à rien / hors jauge ( 0 € )
  • Remplacement des vieilles poulies 150 grammes par des frictions ( 12€ pièce )
  • Manilles textiles.
  • Remplacement du pataras monotoron par du dyneema SK78 3mm ( fluage existant 1€ le mètre ).

La saison se poursuit, la connaissance du bateau se développe, le nombre de matages augmentent, les Mondiaux se passent bien ( 57 /68 au général, 1er Origine ).

Fin de saison

Check du matériel & occupations hivernales…

Le bateau est au sec, inspection des haubans :

  • un ridoir est plié depuis quelques années ( problème des First18 avec 2 ridoirs sur une cadène )
  • début de corrosion classique sur le sertissage inox.
  • pesée : 2 kilos 500 le total haubans / bas haubans ( photo à côté des bas haubans )

Le gréement textile

Voulant rester dans notre équation initiale tout en allant de l’avant, nous décidons rapidement de gagner du poids dans le mat pour plusieurs raisons :

  • Sécurité ( gain de 2 kilos dans les hauts ) -> qui serait contre ?
  • Performance ( allègement & réduction surface exposée : 4mm-> 3mm ) -> qui est pour ?
  • Petit budget : 85 € -> qui dit mieux ?

Pour arriver à cette photographie, de longs moments de plaisir à chercher la pièce qui va bien pour pas cher.

Première problématique : terminaison Dyneema / Mât.

Voici la solution http://www.inox-system.fr à 13€ 

Exit la version plus sophistiquée 60€ pièce, étant valable qu’à partir du 4mm.

Deuxième problématique : la fibre !

J’ai pu avoir plusieurs discussions avec quelques membres. Certains d’entre vous ont testé il y a quelques années le textile et semblent ne pas avoir été convaincus de part l’allongement de la fibre.

Or pour régater occasionnellement sur le Léman, il appert que de nombreux bateaux Suisses ont adopté le Dyneema en tant que gréement dormant. Je n’aborderai pas l’argument du gréement des IMOCA, ORMA etc…

Pourquoi de telles divergences me direz vous ? Beaucoup restent sur le SK78 et ne connaissent pas le DM20 ( arrivée sur le net en 2015 ).

Voici un résumé provenant de plusieurs sources ( technique-greement / inorope )

 » Les fibres textiles en Dyneema ® et Spectra ® sont 10 à 15 fois plus résistantes que l’acier à poids équivalent, 30% plus légères que le polyester, flottantes et hydrophobes, résistantes à l’abrasion, avec un faible allongement, une parfaite tenue aux U.V. et aux faibles rayons de courbures « 

 » Sorti en 2014, le Dyneema DM20 a une résistance à la charge proche de celle du SK78. Ce qui rend cette fibre exceptionnelle, en dehors de sa résistance aux flexions cycliques, c’est que le fluage* à disparu… !
Traité avec le système Marlow de pré-étirage à chaud qui compacte la fibre DM20 et augmente sa résistance à la charge de 25%, le «M-RIG MAX» de Marlow propose alors la résistance d’un SK99 classique mais sans le fluage*. »

Fluage = allongement lent, progressif  & irréversible d’un matériau qui se déforme.

 » Il est maintenant possible d’avoir du gréement dormant en bobine avec un simple travail d’épissures à faire à chaque extrémité pour remplacer un câble inox ou un Rod par un hauban textile. Le résultat sera un haubanage 70% plus léger et 3 fois plus résistant à la rupture pour une même élasticité. « 

 » Le gain de poids dans le gréement sera de l’ordre de 13kg pour un voilier de 30’, soit l’équivalent de 100kg  de lest « 

 » Le textile c’est fragile ? Si des fibres comme les aramides ou le PBO sont très sensibles aux UV, ce n’est pas le cas du Dyneema ® dont la longévité est d’environ dix ans. Le polyéthylène haut module résiste en effet très bien aux agressions du milieu marin. Sachant qu’il est conseillé de renouveler son gréement dormant en inox tous les dix ans, la longévité d’un pataras ou d’un bas étai textiles est comparable. « 

Troisième problématique : le ragage

Notamment au niveau des barres de flèches. J’ai pu observer certaines unités Suisses à gréements non fractionnés : embouts carbones en forme de tuyaux courbés.

Solution personnelle à 3€ Nootica

Les embouts de barre de flèche viendront sur cette partie blanche dont la longueur est de 15 centimètres : protection totale. Cette même gaine ( fendue ) viendra sur la partie où appuie la bôme ( 30 centimètres ).

 

Gaine thermo-retractable sur la partie supérieure du ridoir, incorporant partiellement l’oeillet inox ( 0.30€ )

Quatrième problématique : épissures

J’ai opté au début pour l’épissure bloquée.

 

Commencez par la terminaison du mat puis faites celle du ridoir. Problème, vous ne pourrez plus passer le dormant dans le courant. Suivez alors ce tuto :

J’ai rencontré une difficulté pour régler avec précision la longueur de mes haubans : après avoir fait mes repères au feutre et effectué l’épissure : 4 centimètres trop court ! Et oui, la partie rentrant en constriction ( partie qui rentrer dans l’âme ) fait mathématiquement raccourcir la longueur. Plutôt que d’ajuster la partie « ridoir », je fais l’ajustement sur la partie « terminaison », en prenant soin d’ôter l’oeillet inox, sinon, ça passe pas !

Prévoyez donc 4 centimètres de plus pour 20 centimètres d’épissure en 3 mm.

Résultat :

Pour ceux qui préfèrent l’épissure simple tresse : c’est beaucoup plus simple en réglage, mais prévoyez 60 centimètres de dyneema en plus par haubans (( 3mm x 100 = 30cm ) x 2 ).

Faites confiance en la surliure bleue qui tient les 30 centimètres épissés.

Notions de physique :

Un peu de mathématiques appliqués à la voile vous dirait ? 

Ci dessous quelques calculs basiques permettant d’établir de manière cartésienne et théorique la tension maximale exercée dans le hauban de Palinure ( on part du principe que le bas hauban lâche ) : 328 kilos ( rupture Dyneema DM20 à 900 kilos, charge travail 1% )

FR : 180 kilos 
L : Tirant d’eau + franc bord milieu
FG : bateau couché, il faut exercer 48.5 kilos au 7/8ème du mât pour l’empêcher de se relever.

FG=FRxL/l

De manière empirique ( et montagnarde ) nous étions arrivés à la même conclusion ( poids du bateau divisé par deux ) : bi angulation d’un relai avec angle inférieur à 60°. Comme quoi, tout nous ramène à nos montagnes 

Conclusion :

Courir dans la catégorie Origine ne doit pas être associé à l’incompétitivité absolue ! Bien au contraire, évoluons, innovons et testons tout en restant dans la jauge permettra de courir avec la flotte. Vous n’imaginez pas le plaisir que cela procure de voir derrière quelques Neptunes et autres Microsails !

Venant du parapente, je me rappelle de certaines discussions autours des suspentes dyneema dégainées. Certains étaient pour, d’autre contre… Aujourd’hui, les voiles de cross et randos en sont équipées, avec notre vie en dessous !

Voilà, pour 80€ environ nous avons changé nos vieux haubans et gagné 2 kilos dans le mât. Attendons impatiemment la saison 2018 et feront un retour sur expérience dans 9 mois !