Tir groupé pour les français au Mondial Micro en Slovaquie

Les français se sont illustrés au Mondial Micro en Slovaquie en remportant deux médailles d’argent en Croiseur (Platypus) et Régate (Go Fast).

Le fait marquant pour l’équipe de France restera un tir groupé en réalisant par exemple une quinte dès la première manche : au petit train 4ème, Hurle Vent, puis Go Fast, Liberté II, Liberté et Platypus 8ème. Bricka 3, en rodage, ne fera que remonter au classement en finissant 4ème à la dernière manche. Le Team France c’est soudé autour de son nouvel entraineur : Jean-Michel.

Les 13 jours pour tenter de rentrer dans le top 5… Aucune préparation depuis un mois, enfermé au bureau pour boucler les dossiers et partir serein.

Mardi 13, le voyage

Réveil à 7 heures, tout est à boucler. Nettoyage de la glacière, le plein de légumes du terroir au marché, un tour à la fromagerie. Mais où est passé mon short de voile beige ? Introuvable. L’équipement n’était pas loin depuis la dernière régate. Trousse à pharmacie de secours.

Côté logistique, l’équipage a tout assurer, y’a plus qu’a faire la route. Les premiers selfies commencent déjà à apparaître sur Facebook avec les Micro en plein centre de Vienne, Prague ou Trieste. Le nain d’Amélie Poulain se substitue au Micro sur des cartes postales insolites. Il faut aussi profiter du voyage.
Pour nous, mon retard du matin nous empêchera de profiter d’une soirée à Prague. Mes deux compagnons de voyage (So et Jo) sont des compagnons de longue route et se résignent sans rancune à la promenade touristique nocturne salvatrice aux gambettes.

Nous partons à 14h près de Châlons en Champagne, où je laisse ma voiture dans un village en sécurité près de l’église, non loin d’une sortie d’autoroute. Et c’est reparti en mode 3 quarts, un qui conduit, un qui cause, et un qui dort confortablement à l’arrière de la voiture. 1300 km et 15h plus tard, nous arrivons après un voyage fort sympathique. Nous avons échappé de nuit aux bouchons en Tchéquie car les poids lourds squattaient les airs de repos inaccessibles. Nous avons payé une vignette d’autoroute qui est limitée à 80% à 70 km/h à cause des travaux incessants et en roulant à peine à 90 km/h hors travaux, mais ressemblants plus à des zones à bandes rugueuse que voie express.

Mercredi 14, les préparatifs

Arrivée à Liptov Marina sous un crachin breton à 5h. Nous trouvons un grand bâtiment moderne avec salle de sport et piscine au rez-de-chaussée, surplombés par une terrasse de restaurant. C’est très cosy. Nous contournons le bâtiment et retrouvons le camping plus haut pour une sieste matinale. Le team (Elise, Gaet et Jean-Mi) a assuré, ma tente est montée comme prévu, ainsi que la tente logistique. So et Jo installe un haut vent au cul du break et le tour est joué en 10 minutes.

Réveil après un plus de 3h de nuit. Je suis sous une tente igloo sur deux matelas d’un centimètre, mais j’ai pris un bon sac de couchage. Le hic, c’est que le camping ressemble aux marais de Saint-Gond, parcouru d’ornières boueuses ou de flaques masquées dans la verdure, prêtes à nous engloutir tels des tourbières. Et oui, vous entendez bien, ils ont de la verdure bien grasse alors que nous, tout est jaune depuis longtemps.

Ronchon lève les yeux de ces chaussures déjà mouillées et découvre le paysage plafonné par les nuages. De grandes prairies nous entourent avec de petits bois dans des vallons. Au loin, on entend au loin Heidi regrouper son troupeau sous les aboiements d’Hercule. C’est les vacances quoi !!! Ca ressemble à la Suisse ou à l’Autriche. Dans les nuages, les sommets disparaissent. Nous sommes dans les Hautes Tatras, chaîne de montagne qui succède aux Alpes et qui descend plus loin pour couvrir toute la Roumanie.

Je me retourne et découvre l’autre versant.
Devant, en léger contrebas, les toits végétalisés de 3 maisons, suivi un peu plus bas du même acabit. Puis, la Marina sur deux niveaux. La pente est forte et cet enchevêtrement esthétique disparait très vite.
Enfin le lac, avec un petit port enclavé dans un près salé. Ils n’ont peut-être pas tant d’eau que ça à revendre. Devant, une grande passerelle en L pour accéder à la Marina du port et une grande tente sur un bras de passerelle.
Plus mon regard avance, plus c’est beau. Une baie entourée d’arbres s’avance devant le port, puis un magnifique grand lac avec tout au loin au fond une ville, à peine visible. Du Vassivière en plus grand, mais globalement moins boisé et moins encaissé au bord (ça dépend où, le côtier nous le montrera).

A droite, en contrebas, le paysage est un peu gâché par la présence d’un chantier reproduisant à l’identique le lot 1 des 6 maisonnettes. Nous profitons d’observer la méthode de construction de ces maisons HQE, ainsi que les bruits qui s’associent. Bizarre, il y a de grandes lignes qui ressemblent à des paratonnerres le long des toits. Ca doit péter sérieux dans le coin.
A gauche, des cholis chalaids en bois. Euh, juste du fardage de gros rondins d’après le prochain chalet à construire. Du stuc, mais sur 20 cm d’isolant, ça à l’air quand même sérieux.
Nouveau tour d’horizon : un cadre exceptionnel avec vue sur tout le lac, le port et la pavillonnerie, de l’autre côté les herbages et montagnes. Magique, LA VUE imprenable, dans une sérénité absolue. C’est les vacances quoi !!!

Le camping ressemble à une prairie plate avec deux allées en croix inondées. Derrière, 4 grands Mobile Home, un grand chapiteau central et des sanitaires ultra moderne. Mais nous essuyons les plâtres de l’ouverture et quelques détails restent à régler. Les premières douches sont froides, puis nous trouvons la faille pour prendre les douches chaudes un par un avec un seul jeton. Equipement top, du marbre dans les sanitaires, des détecteurs de présence pour l’eau comme pour la lumière, mais les parterres manquent à l’appel. Un porte manteau design remplacera vite cet oubli, yavéka demander. Nous remarquerons que cette maxime permettra de résoudre tous les petits ennuis rencontrés, dans cet univers de première pour la Marina et nos amis Slovaques.

Allez, on est venu naviguer. Ben non, je vais encore vous bassiner avec les préparatifs. A notre réveil, le team est aux courses et nous charge de récupérer le bateau de Jean-Mi, notre entraineur. Problème de caution et de liquide car je n’ai rien anticipé. Jo me porte secours, ouf. Le team rentre tard pour manger, ils étaient aller en Pologne pour trouver du matos pour bricoler. Le montage du triangle des Bermudes se finalise avec les tonnelles arborés de drapeaux patriotes.

Et c’est parti pour un petit festin collectif sous la tonnelle avant d’entamer les derniers préparatifs du bateau. On se réfugie sous la grande tente avec le bateau et l’après midi est studieuse, chacun vaquant à sa tâche. Le bateau est fin prêt, nous devrions avoir évacué toute embrouille matérielle pour la semaine à venir, avec quelques améliorations après une demi saison de prise en main.

Dehors, le temps continue à l’averse, et passe vite au déluge pour revenir aussitôt à la bruine. Le vent souffle et je suis un peu déçu de ne pas aller naviguer comme prévu. Premier et dernier jour de vent suivant la météo… A raison, Jean-Michel préfère garder l’équipe en mode récup après le voyage et bien préparer la suite, le vent présent ne correspondra pas à la régate aux conditions de navigations. un Mondial de pétole ? C’est ce que j’avais vu en amont, mais la météo n’a pas l’air si fiable, on verra.

Apéro !!! Faut quand même ne pas oublier que les Furieux sont là. La partie est lancée, mais le débrief de Jean-Mi de la journée donne à chacun un caractère raisonnable. Au programme des 3 jours à venir, 10 à 12h nav, 14h à 17h nav puis débrief. Les autres équipages arriveront progressivement et nous programmons la jauge le dimanche matin avec finalisation du bichonnage de la coque le samedi soir, pendant l’Assemblée Générale.
Ouf, j’échappe encore à la corvée du caressage de la coque, mais ce n’est pas moi qui l’ait proposé. Le team part dans un fout rire général !!!
Pourtant, les 6 h passées à 3 au caressage de coque sur un autre Micro la veille d’un autre Mondial nous avait portés chance et nous faisions corps avec elle sur l’eau, connaissant ses moindres volutes. Il est l’heure de nous coucher et de passer enfin à la nav.
Un peu de réseaux sociaux dans l’igloo et il est minuit, dodo.

Jeudi 15, à l’eau quoi

Le réveil m’empêche de dormir en général, ce qui ne fût pas le cas cette nuit là avec un gros sommeil après deux nuits presque blanches. 6h32, ce sera mon heure de réveil exacte chaque matin, sans faire appel à une sonnerie, jusqu’au dernier jours du voyage. Sorti de ma grotte humide, je découvre un ciel plombé un peu plus haut, mais laissant traverser une colonne de lumière au bout du lac. Encore plus magnifique !!!

Il ne pleut pas, les guêpes envahissent déjà les restes sous la tonnelle. Pourtant on avait rangé le plus gros, mais ça ne suffit pas. Elles sont nombreuses mais ne semblent pas agressives. Armé de ma vareuse d’hiver, je reste stoïque à leur approche pendant le petit déjeuner. Ca fonctionne jusqu’à la sortie du morceau de Brie matinal qui les rends folles. On comprend vite que faut rien leur laisser trainer. Une bouteille d’eau vide est adaptée en piège, les sucres du petit déjeuner se transformant en festin mortel.

Nous comparons nos météo et arrivons à une conclusion : personne n’a la même. Nous nous improvisons à une synthèse qui ne ne annonce peu de vent le matin, avec un peu plus en milieu d’après midi suivi de seaux d’eau par heure !!! On verra bien, il fera jour et nous évaluons pour commencer la température pour la matinée. La colonne s’est transformée en cheminée, puis en volcan de lumière. Différent mais peut-être encore plus magnifique pour les yeux. J’attends avec impatience Wilma pour nous immortaliser ces instants merveilleux, c’est moche sur mon téléphone.

8h, tout le monde est prêt et deux équipes s’affairent soit à la mise à l’eau du bateau de l’entraineur, soit à la descente, matage et mise à l’eau du bébé. Nous retrouvons dans la Marina l’équipe de Vampire, les Slovaques, et ils nous assistent lors de la mise à l’eau avec un gros 4×4 sur un slip très raide.
Les bateaux sont fin prêts sur l’eau et nous Jean-Michel nous bricole des mousses de protection pour le ponton, pour protéger les ailes du L’Arté. Ambiance Ultra Braille. Gling, ça brille de partout et le Soleil nous a rejoint.

Retour au campement, notre trajet quotidien et unique qui nous relie du port au camping et nous chauffe les quadriceps au retour, préférant monter tout droit, mais plus vite. Le vrai plaisir est d’avoir définitivement déposé le fourgon et de se mouvoir toute la semaine à la sueur de ses genoux, uniquement, sans moteur. La pétole fait rage, le vent devrait se lever dans l’après-midi. Côté cuisine, ça fonctionne à merveille avec frigo, glacière électrique et divers feux et gamelles. Le team se met à la cuisine en répartissant les tâches entre ouvrir les bières, éplucher les légumes frais, faire cuire les féculents ou faire la vaisselle.

15h, nous y allons enfin, c’est parti sur l’eau avec l’espoir que le vent va se lever. Nous suivons nos amis sous spi qui nous ont invité à une séance vidéo avec la télévision Slovaque. Ils longent la baie, mais nous sortons de la bulle sans vent en tirant un bord opposé de l’autre côté pour y trouver une risée. Nous décollons et laissons sur place le prétendant local sur son terrain de jeu et sous les feux de la rampe. Mais ils ont des problèmes de réglages de voile et nous continuons en cavalier seul. Jean-Michel mène la danse au près. Mais papy demande 30 minutes de chauffe, va falloir retrouver la notice laissée quelques semaines plus tôt et en profiter pour prendre de nouveaux repères. Depuis près de 2 ans, avec les compères à bord, ça commence à tourner, mais je propose de profiter du petit air pour chercher à décomposer les virements et manoeuvres. En mode Steve Austin, nous cherchons à contrôler le mouvement dans la finesse de la lenteur, pour aller plus vite.

Virement, virement, spi, empannage, empannage, … Nous enchaînons en accélérant progressivement le rythme, tout en débriefant chaque virement loupé. Le doute s’instaure pour chacun, mais la répétition des mouvements tranquilles nous permet de trouver de nouvelles solutions, à valider. Au programme, un meilleur appui en entrée de virement, un appui plus stable en milieu de virement et une sortie sans balancier et bien réparti en Jo et moi. Le manque d’appui dans le vent ne nous aide pas, et notre différence de corpulence non plus.

Nous profitons du petit air localisé dans la baie que nous avions observé perché sur notre mirador. Ce petit air a l’avantage d’être dans l’axe, mais surtout d’exister. Le Soleil s’est imposé ainsi que la chaleur. Au loin, une bande noire semble loger la rive. Entre les deux, un immense miroir reflète les nuages, perturbé par quelques oiseux éparses. Attiré par les pressions du changement de relief de la sortie de la baie, nous nous approchons du reflet des prés et forêts ondulé par un léger voile. Nous observons que la bande ventée au loin s’éloigne plus vite que nous nous approchons. Faut-il faire un repérage au moteur ? Est-ce simplement le reflet de la montagne au loin qui est plus sombre par endroit que les nuages qui demeurent accrochés aux reliefs ? De retour sous l’autorité de notre manager, il semble inutile de consommer de l’essence pour rien.

Maintenant, nous passons sous les feux de So à la Go Pro et aux ordres de Jean-Mi, notre chef d’orchestre à bord, la VHF n’étant même pas nécessaire pour entendre sa voix, le moteur au ralenti. Elise est à l’assistance et aux encouragements. Trois nouveaux éléments entrent en compte :

  • Ce n’est plus quand on veut
  • Il faut mettre le bateau à plat
  • Il y a des obstacles à contourner

On repart donc à faire des ronds dans l’eau. Les top retentissent du bateau, les bouées prêtées par les organisateurs nous permettent d’enchaîner sur un petit parcours que Jean-Mi s’évertue à déplacer dans les zones un peu venté. Les remarques pleuvent et de nouvelles améliorations se propages. Le singe jaune se met en action, les yeux rivés sur la bulle. Le L’Arté est un bateau facile mais exigeant, la bulle doit frôler le zéro, voir le négatif. La tâche n’est pas simple car l’appui sur le vent est faible et je dois aussi compenser les mouvements de mes acolytes. Chacun est accaparé par sa fonction sur le bateau. Mais nous cherchons aussi un équilibre commun. Jo fait la moitié de mon poids en plus, les déplacements n’ont pas les mêmes conséquences.

Virement, à plat, virement, à plat, bouée, spi, empannage, empannage, soi, bouée, … Il nous manque juste un sifflet et papy ne pourra plus faire semblant de ne pas entendre les ordres du coach. Entrecoupé de pauses débrief au bateau ravitailleur avec les groupies au pit stop pour nous laver les carreaux des lunettes…

2h plus tard, retour à terre, bonne nav et un bon chemin parcouru. Mais aussi plein de doutes dans la tête. Nous croisons les Slovaques et c’est parti pour une bière en terrasse du resto. Nous leur communiquons notre satisfaction.

Retour au campement un peu fourbus. Sous l’excitation ambiante, nous continuons dans un long débrief rythmé, canalisé et analysé par Jean-Mi. Les discussions s’éternisent et les deux pauvres filles se couchent rapidement, frustrées de ne pas pouvoir participer à la navigation. Mais leurs bateaux respectifs devraient arriver demain d’après les réseaux sociaux. Nous sommes même parfois informés heure par heure des bouchons en Tchéquie ou autre. Vers minuit, au dodo.

Vendredi 16

6h32, je me réveille. Quelques guêpes butinent sur la table pourtant rangée, mais pas lavée. Il faudra y penser ce soir avant de se coucher.

Petit déjeuner tous ensemble, mais le vent nul dans la baie ne nous motive pas pendant le point météo. Pas de vent le matin et déluge l’après-midi avec la levée d’une petite brise. En bon manager, Jean-Mi nous rappelle le rendez-vous de 10h gréé sur l’eau. Oui, chef, on s’exécute et nous ne sommes pas déçu de profiter d’un petit air dans la baie pendant 1h30. Les virements, empannages et autres manoeuvres s’enchaînent au rythme du coach et nous ne parvenons pas à matérialiser une ligne de départ, le filet d’air volage venant de face dès que nous prenons un peu de vitesse. Impossible de mouiller quelque chose de sérieux au milieu de ces boudées d’air parsemées de bulles de reflets sur l’eau. Qu’à cela ne tienne. nous enchaînons les manoeuvre et le rythme bio-ionique au ralentit si parfait pour ces conditions. Chaque mouvement d’oreille dégonfle le spi tenu par son tangon et la surveillance incessante des yeux de Jo qui détectent le moindre rictus ou plissement des sourcils de sa compagne de l’instant, au wonderbas tenu par ses bretelles tendues par de mains expertes. Mais les lonesome cowboys on the FAR EST filent sur leur Joly Jumper, plus rapide que leur reflet sur l’eau. La preuve en vidéo 68…..

Pause déjeuner au campement, les restes de féculents aux petits légumes raisonnés de la veille sont vite réchauffés. Et c’est reparti. Nous surveillons les réseaux sociaux afin d’apprendre les horaires d’arrivée du Team France au complet.

Virements, à plat, bouées, spis et empannages se succèdent et nous trouvons de nouveaux repères en nous remettant en question chacun d’après l’oeil extérieur du coach. Papy est inutile au lancement du virement et se trouve une place confortable à la contre en maîtrisant parfaitement l’appui des deux compères au moment du retour à plat. Bien que à croupi et à contresens du mouvement des deux autres, je leur donne de la précision dans leurs efforts répartissant les appuis entre les bras et les jambes. Nous posons le bateau sur la tranche, mais Jean-Mi surveille l’assiette excessive. Papy, en position pot-pot, surveille le remplissage du vide vite sur le franc bord avec précision ce qui permet de contrôler le mouvement à 1° près. Mais lorsque mes compères prennent appui pour le retour, un contre mouvement des épaules me permet de conserver ce degré de précision. Aïe, mon contre mouvement perturbe les deux autres et deux débriefs plus tard, nous finissons chacun à tolérer les mouvements des uns pour créer une harmonie proche de l’unisson.

2h plus tard, l’orage gronde et le vent disparait. Jean-Mi nous avait prévenu que nous finirons l’entrainement sous la pluie, afin de se préparer à ces conditions possible la semaine prochaine. Mais le vent est nul et papy n’a pas envie de servir de réceptacle sous la gouttière des 12m2. Il prévoient un seau au m2 par heure, ce qui correspond à une douche de 120 litres sous la bôme. Retour à terre, bonne nav et un bon chemin parcouru. Les doutes et paniques à bords deviennent maîtrise et précisions. Nous avons eu le nez creux et l’orage déverse un torrent boueux sur la route, infranchissable pour rejoindre la Marina.

Mais c’est aussi l’heure du parcours du combattant inévitable : inscription et jauge. Sous le grand barnum monté sur la passerelle, nous en discutons avec nos amis Slovaques et ils nous indiquent que ce sera ouvert demain. Papy souffre d’alzheimer ? Pourtant je pensais qu’il me restait quelques cases figée dans mon esprit qui souvent me fait défaut. Les Slovaques proposent d’ouvrir l’inscription à 18h, pour faciliter les files prévues le lendemain. A grand renfort de certificats divers et numéro illisibles de plaques ISAF collées sur le bateau, nous arrivons à inscrire la moitié des bateaux du team France. François est arrivé dans la journée, et Michel arrive dans la soirée, Robert dans la nuit et Philippe et Laurent demain.

Après le déluge, le retour au campement semble boueux et humide. Papy aimerait ne pas réveiller son arthrose, et profiter du luxe tropézien de la Marina. De plus, le manque de disponibilité professionnelle ne m’a pas permit de préparer la grande messe annuelle des cols blancs de l’IMCCA. Au programme de l’Assemblée Générale : rationalisation des résultats de l’Euro Micro et préparation des futurs mondiaux. Le team fait bloc en toute circonstance et la soirée de détente prévue se transforme en soirée studieuse après le débrief du chef. Les joyeux lurons se métamorphosent en redoutables hommes d’affaire à renfort de recherche, analyse, synthèse et Power Point à la clé. Chacun participe selon son expérience professionnelle ou son soutien logistique et psychologique. Les documents sont prêts, et la France n’arrivera pas les mains vides demain, grâce à son team. Nous passons rapidement sur la passerelle où un DJ anime la soirée et les organisateurs se défoulent au rythme cadencé du maître de cérémonie.

C’est l’heure d’un dodo bien mérité, après un petit digeo faisant office de mélatonine. Boom Boom, Boom boom, la proximité du concert donne au liquide salvateur de nos verres une ondulation rythmée. Ma tente igloo a des airs de croiseurs. Couche en pente et humidité me rappelle le bon vieux temps où les Micro couchaient dans le bateau. Mais j’avais prévu un bon sac de couchage, qui s’avère trop chaud dedans et me fait transpirer, et trop froid dehors car je viens de transpirer, je continue à chercher à trouver l’équilibre tel que le froid du prêt et le trop chaud du portant. Je sors mon ordinateur pour parfaire la présentation de demain. J’en profite pour vérifier l’avis de course et de caser dans des blocs pérennes les infos essentielles. Rassuré, je ne suis pas encore fou, la jauge était programmée à 14h aujourd’hui. Excédé par le boom boom incessant, je commence à me battre avec des boules quies, qui s’avèrent inutiles pour les basses ambiantes. La satisfaction du bon travail accompli se transforme en rage et je rédige à nos hôtes en mail d’avertissement sur le respect de l’avis de course et du sommeil des concurrents. Ambiguïté du Furieux adoptif qui a empêché plus d’un de dormir avec sa programmation musicale nocturne entrecoupée de rires. Le DJ éteint ses watts à 2h et papy peut enfin éteindre ses yeux.

Samedi 17

6h32, réveil. Pas de guêpe, la préparation au Mondial s’optimise de toute part. Robert est arrivé dans la nuit, mais est resté bloqué en bas, sans monter au camping. Au petit dej, je sors le Brie de Meaux et le tourbillonnement reprend immédiatement, attirées par l’odeur de ce nectar réputé. Il est l’heure de préparer cette longue journée où les choses sérieuses commencent, avec changement de casquette à 17h pour le meeting de l’IMCCA.

En traversant la Marina, nous croisons nos amis Slovaques où commence un match d’excuses de toutes parts. Je m’emporte vite et implore leur tolérance, pris par la spirale des objectifs, quand à eux, ils avaient prévus la formation de l’équipe la veille et oublié de vérifier le contenu de l’avis de course. Quand au bruit nocturne des concerts, il n’est prévu que les vendredi soirs. Frais de leur première organisation, ils vont se heurter à la découverte de barrières sur leur chemin, imprévisibles pour des novices. Nous serons impressionnés par leur capacité à corriger instantanément ces écueils.

Toujours seuls sur l’eau, la sortie de la baie n’est toujours pas possible, faute de vent. Nous continuons à enchaîner les manoeuvres. Papy emballait son cardio sous la tension de la manoeuvre, mais désormais, nous peaufinons les mouvements en les accélérants, et nous avons la sensation d’un rythme ralentit. Nous nous amusons à jouer sur l’ordre des enchaînements pour trouver plus de souplesse et de propulsion. Au lancé de spi, Papy doit se rappeler de 24 actions consécutives, à enchaîner dans le bon ordre. La moitié sont anticipées avant la bouée au vent : prévoir le côté du tangon au lancé de spi, vérifier le brassage des écoutes de spi et libérer le barbeur du bon côté suivant la manoeuvre présagée puis sortir la têtière du spi. Sur la bouée au vent, il faut équilibrer le bateau pour favoriser la contre gîte, et en restant à plat, accrocher le tangon au vent puis tirer sur le lanceur sur le mât, tout en aidant le bras de spi à sortir des deux côtés. Le génois doit suivre le changement de cap et l’équilibre doit rester stable pour profiter de son aire sur l’abattée. En bout de dog leg, il faut sortir le spi en entier de la baille, le positionner loin sous la bôme pour qu’il puisse sortir sans bloquer. Le barreur monte alors le spi et le régleur les écoutes. Un point furtif sur la position des autres coureurs pour indiquer au barreur ce qui le suit et Papy entame une petite mélodie au piano : choquer le cunningham de génois pour le mettre à la marque minimum de tension, choquer la drisse de génois, choquer le cunningham de grand voile, choquer la bordure et aider le génois à descendre. Autre point de vérification de la position des concurrents derrière, puis c’est le rangement des écoutes de génois, de spi ou barbeurs qui trainent. Dernier mouvement, s’installer sur le roof assit à contre sens pour mieux observer l’arrivée des risées. Parfois, les aléas des rencontres sur l’eau ou des blocages inopinés des uns et des autres oblige à changer l’ordre des actions. C’est alors à ce moment que la cohésion de groupe joue et certains rôles sont échangés naturellement dans la précipitations de la manoeuvre. Le palpitant s’emballe encore parfois dans la confusion du moment, mais la fluidité de la manœuvre revient vite par l’action de l’équipage. Je me surprends encore à changer l’ordre des choses pour gagner en propulsion et démontre aux deux compères que certains détails peuvent éviter des déboires, comme sortir le spi en pointe pour l’empêcher de vouloir flirter avec les barres de flèche.

Le midi, nous remontons rapidement au campement pour manger et être prêt pour 14h. Les autres bateaux commencent à arriver et nous disons bonjour aux arrivants au passage, heureux de retrouver ces équipages perdus depuis un an. Wilma accompagne Jean-Mi pour faire des photos, nous allons en profiter.

Là, ça devient sérieux, bien que le vent soit toujours poussif. Après quelques ajustement sur le bateau, nous sortons à la poursuite des Italiens qui sont sur l’eau. Les Italiens en mode découverte, nous les avalons aussitôt, mais le vent sort de la baie et nous partons enfin à la découverte d’un horizon plus large : nous avons le 1/4 venté du plan d’eau. Nous continuons notre enchainement habituel et Robert vient nous rejoindre. Mais sa grand voile neuve souffre de précision des réglages et il s’arrête pour l’affaler, et à nouveau la ferler. D’autres italiens et François se mêlent au jeu et nous entamons des bords de vitesse sur un plan d’eau qui vient de se remplir. Jean-Mi nous forcent nos manoeuvres pour que nous restions dans les mêmes zones et nous observons de plus fortes pressions sur les abords du plan d’eau, le long de la longue plage Nord en particulier. Bords de vitesse au près, empannages sous spi, l’exercice regroupe vite les bateaux présents sur l’eau et la fin d’après-midi s’anime.

Mais il est temps de quitter le bateau pour l’Assemblée Générale de l’IMCCA. Tel un homme d’affaire en hélico au dessus de New York, je traverse le plan d’eau à toute allure avec Jean-Mi qui me dépose au port. Un petit rafraîchissement aux toilettes et un Polo équipe de France Micro enfilé, je rejoins le meeting. J’atterris tout de suite dans une joute verbale dans la langue de Shakespeare, les Polonais proposants aux Allemands d’organiser le prochain Micro World Championship, puis de le faire à Gdansk en 2021. Je reprends mon souffle marin et monte sur ma vache espagnole pour proposer l’alternative francophone. Aussitôt, je subis les foudres de mes interlocuteurs assis en face de moi. L’expérience d’Annecy dans la pétole a laissé des traces dans les mémoires. J’avais anticipé particulièrement ma présentation et je demande à Philippe de commencer par le dernier point : statistiques de vent. Les 5 avants projets présentés par la France présentaient chacun plus de 28 jours de vent de plus de force 2 au mois d’août, soit des conditions garanties de bonnes navigations ventées. C’était en effet ma condition principale exposée pour pouvoir proposer un projet de Mondial. Les Polonais nous annoncent aussi la reprise d’un chantier Micro Proto et Régate, mais sans les Croiseurs, qui est le fondement de la classe. J’englouti de nombreuses petites bouteilles d’eau pour combler l’exposition au Soleil de la journée et avaler ces couleuvres sans m’étouffer.

Retour au bar de la Marina pour un premier débrief de l’AG avec Philippe et Manfred devant une bière, puis au campement pour la suite du débrief et analyse. Nico et Mich sont arrivés et les discussions s’animent. On refait le monde avec un espoir de Forza Latina. Fondé en France, le Micro était à l’origine un croiseur où il fallait dormir à l’intérieur lors des premières MicroCup. Opposé au professionnalisme polonais alimenté par des sponsors, l’esprit national d’origine perdure avec des unités à bas prix qui viennent chatouiller en course les coques carbones, expériences partagées à terre à l’apéro. Le tapis vert des pavillons rouges se transforme en tapis rouge pour une pression partagée, alternative au jury réuni en tribunal, mais sans la pression. Certains dorment à la mode Croiseur dans un sac humide, d’autre se couchent à 21h dans un lit douillet après 46 pompes et 50 tractions, suivi d’une tisane. Laissez le choix d’expression à chacun est nécessaire à notre survie. Et bravo pour le podium et les moyens mis en oeuvre pour laisser exprimer tant de talents. Et tels des Gaulois avec leur potion magique, nous avons des rêves de podium, sur un mal entendu forcément. Entre temps, Manfred et Wilma nous rejoignent et nous communiquent leur inquiétude, faute de bateau pour être sur l’eau. Wilma est désespérée et veut rentrer à Munich, mais la thérapie française la réconfortera. Nous réaffirmons l’alliance outre Rhein en leur proposant de les transporter demain avec Jean-Mi. Après cette journée bien fournie, il se fait tard et demain nous avons rendez-vous à 8h pour la jauge avec Manfred.

Dimanche 18

Les affaires commencent sérieusement. Les guêpes sont calmes à 6h32 et je profite de ce moment calme pour admirer la lumière rosâtre sur le plan d’eau. La journée va être longue avec la jauge et la manche d’entrainement.

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